Le cycle annuel génère le contraste le plus visible. De même, le lac où l’on nage et où l’on fait de la voile en été, devient en hiver une patinoire ou un champ de ski de fond, tout aussi étendus. Les nuits d’été, lumineuses et chaudes, font place aux décors neigeux surmontés par une chape d’obscurité.

La population est concentrée dans le sud, principalement dans la capitale et sa région environnante, où elle atteint plus d’un million d’habitants. Au même moment, à l’autre extrémité du pays, en Laponie, de vastes  terres sauvages et dépeuplées s’étendent à perte de vue. Le décor change pourtant, sur des distances autrement plus courtes. Dirigez-vous dans une direction, et vous approchez de l’eau. Allez dans l’autre sens, vous vous retrouvez en pleine forêt. Une troisième direction et ce sont les étendues marécageuses ou les terres arables. La nature, en Finlande, est tout cela.

Un pays septentrional

La situation géographique septentrionale de la Finlande a quelque chose de déconcertant - nous sommes à la même latitude que l’Alaska ou que le cœur de la Sibérie. Le quart environ de la superficie émergée du pays est situé au nord du cercle polaire arctique.

On pourrait conclure de cette situation que les conditions climatiques qui y prévalent sont quasiment arctiques: très froid en hiver et même frais en été. La réalité, heureusement, est différente. Le formidable Gulf Stream fait bénéficier la Finlande d’un effet de réchauffement: la température annuelle moyenne de l’année atteint environ 5oC dans le sud, et deux degrés sous zéro, seulement, dans les régions les plus septentrionales.

D’une manière générale, les hivers sont si froids que tous les lacs, sans exception, gèlent pendant les mois d’hiver, et les eaux littorales elles-mêmes se couvrent d’une chape de glace. L’enneigement perdure, dans le pays, pendant plusieurs mois.
En été, par contre, la température diurne peut atteindre 25oC voire approcher 30oC. La période de croissance estivale n’en reste pas moins de courte durée, en moyenne de 3 à 4 mois.

Avec le temps, le cadre naturel finlandais s’est adapté à la vigoureuse alternance de l’été et de l’hiver. En majeure partie, les plantes et les animaux hibernent durant les mois d’hiver, et trois oiseaux sur quatre sont migrateurs.
Sur la carte politique, la Finlande est située entre et l’Est et l’Ouest.  Le climat qui y prévaut est plutôt un mélange de climat continental – influence de l’Est - et de climat maritime, qui vient de l’Ouest.

La nature finlandaise, où le continent et la mer se marient révèle aussi ce mélange. La faune et la flore de la taïga, comme la chouette lapone et la lède des marais illustrent cet apport continental, la présence abondante de l’eau évoque la proximité du milieu marin.

Des paysages variés

Durant la dernière ère glaciaire, un épais glacier continental recouvrait l’ensemble de ce qui est aujourd’hui la Finlande. Se déplaçant lentement, la chape de glace nivela les montagnes, lamina les rochers et généra des bassins lacustres de tailles diverses. Les écoulements sous-glaciaires charrièrent également des matériaux dont l’accumulation forma des eskers, crêtes sinueuses dont les plus longues atteignent plusieurs dizaines de kilomètres.

Ces formations ne sont guère élevées ; rarement leur altitude dépasse cent mètres. Le décor de la Finlande compte d’ailleurs peu de reliefs escarpés, les falaises littorales abruptes et élevées y sont rares tout comme les fleuves larges. La douceur et les traits peu prononcés caractérisent ses paysages.

Le décor s’élève progressivement vers l’Est et le Nord. C’est en Laponie, où les sommets des monts se dressent au-dessus de la limite supérieure de la forêt, que l’on observe les différences d’altitude les plus significatives.
Le sol qui s’est formé au lendemain de la dernière période glaciaire est mince : sept mètres seulement, en moyenne. Sous le sol minéral, la roche-mère primaire affleure par endroits, formant des bosses granitiques.

La rudesse du sol et la brièveté de la période de croissance qui prévalent en Finlande, y créent des conditions qui ne sont guère propices aux cultures. Par ailleurs, à l’échelle européenne, le pays est caractérisé par sa faible densité de peuplement. Elle ne représente que le dixième de  la densité démographique de l’Allemagne, du Royaume-Uni ou de l’Italie.

Forêts et marécages

La Finlande est le pays le plus boisé d’Europe. L’espace forestier, qui occupe environ 70% de la superficie du pays, est principalement composé de forêts de conifères. Le pays se situe, en effet, à l’extrémité occidentale de la taïga, laquelle se prolonge à l’Est jusqu’au fin fond de la Sibérie.

Les forêts finlandaises sont originales en ce sens que toutes les essences qui y croissent sont indigènes : aucune autre n’y a été plantée. Les essences dominantes sont le pin sylvestre,  l’épicéa et le bouleau ; les autres essences - le tremble, le hêtre et le sorbier – sont en petit nombre.

Malgré le petit restreint d’essences forestières, les forêts du pays sont variées. Forêts denses d’épicéas, pinèdes lumineuses, dépressions humides et affleurements rocheux peuvent alterner sur un espace réduit.

De nombreuses forêts sont humides et croissent sur un sol de tourbe qui peut aisément être qualifié de tourbière. Les différents types de marécages occupent, au total, un tiers de la superficie de la Finlande. Un sixième de ces espaces est déboisé. Environ la moitié des espaces palustres du pays ont été drainés, dans le passé, dans le dessein de favoriser l’accroissement forestier.

Forêts et marécages sont principalement la propriété de familles d’agriculteurs. Ceux-ci gèrent et exploitent leurs forêts et sont guidés pour ce faire par une législation sur la forêt qui a le mérite d’être stricte. Nulle part on ne voit de « champs boisés » - de petites monocultures sylvicoles rectilignes. Beaucoup d’étrangers croient – à tort – que les forêts finlandaises sont à l’état naturel ; dans la réalité, celles-ci sont diversement exploitées, depuis des siècles.
Environ 8% des espaces boisés sont protégés, principalement en Finlande du Nord.

L'eau omniprésente









































C’est un lieu commun de dire que la Finlande est le pays des milliers de lacs. En réalité, ils se comptent par dizaines de milliers, même si, en majeure partie, ils sont de très petite taille et peu profonds – en moyenne de sept mètres seulement.
Les lacs même les plus étendus sont très fragmentés ; c’est le cas du lac Saimaa, situé dans le sud-est de la Finlande. D’innombrables isthmes et presqu’îles interrompent les grandes étendues d’eau. Il est souvent malaisé d’établir où prend fin un lac et où commence un autre.

La même fragmentation peut être observée sur le littoral marin ; au total, on y dénombre environ 95.000 îles. Pour la plupart, il s’agit d’îlots rocheux et auxquels s’ajoutent de petites presqu’îles. L’archipel du sud-ouest de la Finlande est considéré comme un des espaces marins les plus difficiles pour la navigation.
La longueur du littoral marin a été mesurée ; îles comprises, il atteint 40.000 kilomètres. Les littoraux lacustres atteignent eux, environ 130.000 km, soit, en moyenne 32 mètres par habitant. Les Finlandais sont pratiquement habitués à l’omniprésence de l’eau.

D’autres êtres vivants profitent aussi de cette surabondance de l’eau. Nombreuses sont les espèces d’oiseaux d’eau et des terres humides – canards, échassiers et grues - qui nichent en Finlande.

Là où il y a de l’eau, on trouve aussi des poissons. La faune piscicole de Finlande compte 61 espèces, dont la plupart vivent dans les eaux continentales. La particularité de cette faune est la présence de nombreuses espèces lacustres – brochet et tanche, par ex. -  dans les eaux des littoraux marins, en raison de la faible salinité de la mer Baltique.

La Laponie des terres sauvages et des monts

Si toute la Finlande est faiblement peuplée, sa province la plus septentrionale a une densité démographique particulièrement modeste. La Laponie, représente environ 28% de la superficie du pays mais sa population ne totalise que 4% de sa population totale.

La Laponie est caractérisée par ses terres sauvages étendues, son cadre naturel, boréal et rude, où l’on observe les dénivelées les plus fortes du pays. Autre caractéristique, la très forte variation des saisons : l’obscurité au cœur de l’hiver, l’éclairement  ininterrompu 24 heures sur 24 au milieu de l’été, l’enneigement épais durant la saison blanche et la clémence de la météo estivale.

Les collines et les monts chauves sont les paysages naturels les plus marquants de la Laponie. Relativement peu élevés en altitude – les plus élevés culminent à environ 1300 mètres au-dessus du niveau de la mer ; du fait de leur situation à cette latitude septentrionale, la limite supérieure de la forêt, sur leurs versants, est basse, ce qui explique que les sommets de ces reliefs sont déboisés.

Quand on descend les versants des monts, on rencontre d’abord des bouleaux nains ainsi que de petits pins sylvestres, qui croissent par-ci par-là. La forêt proprement dite, dominée par le pin sylvestre et l’épicéa,  ne commence véritablement qu’une fois passée cette zone découverte, au boisement très clairsemé et aux allures de parc. Par endroits, la forêt fait place aux marécages ouverts ; dans les contrées basses, ces espaces palustres peuvent être très étendus.

Près de 30% de la superficie de la Laponie est protégée. On y trouve les parcs nationaux les plus étendus de Finlande ; trois d’entre eux s’étendent sur plus de 100 km2. L’élevage du renne, activité économique traditionnelle de cette province, y est autorisé dans la plupart des espaces naturels. 

Autres formes d’économie de subsistance, la chasse et la pêche revêtent aussi une grande importance en Laponie. De nos jours, le tourisme y est une activité économique et commerciale significative.

La campagne et les villes

La Finlande est un des pays les plus ruraux de l’Union européenne (UE): en effet, environ 1,5 million de personnes, soit plus d’un quart de la population totale, y vivent en milieu  rural. Mais la population rurale est loin de se composer uniquement d’exploitants agricoles : une partie travaille en ville. On dénombre environ 65.000 exploitations agricoles aux terres activement cultivées ; leur superficie moyenne atteint 35 hectares.  La part de l’agriculture biologique est deux fois supérieure à la moyenne des Etats membres de l’UE.

En plus des terres arables, les exploitations agricoles possèdent, pour la plupart, des terrains boisés. L’étroite imbrication des forêts et des champs est une caractéristique majeure du paysage rural finlandais. Le sol n’est pas particulièrement propice à la culture, et les conditions ne s’y prêtent guère ; par ailleurs, les parcelles cultivées n’ont été créées qu’aux endroits qui s’y prêtent le mieux, ce qui explique leur taille relativement faible. Les grandes étendues d’openfields sont situées dans le sud-ouest de la Finlande.
L’agriculture comme l’élevage se caractérisent par la petite taille des exploitations, qui sont aussi familiales. La Finlande est le pays dont on dit que chaque vache y répond à un nom qui lui est propre.

La nature déploie également ses tentacules jusque dans les villes ; à l’échelle européenne, celles-ci sont principalement de petite taille et proches de la nature. Les agglomérations urbaines n’ont peut-être pas de grands parcs construits mais, dans presque chacune, une promenade suffit pour accéder à un bois. Laissé à l’état naturel, il est souvent sillonné d’itinéraires récréatifs.
Par ailleurs de nombreuses villes sont situées au bord d’un lac ou de la mer ; les citadins peuvent ainsi aller nager sans s’éloigner du centre-ville.































Texte: Eeva-Liisa Hallanaro, M.Sc., Expert Environnement