Kirnu

Le pavillon qui représente la Finlande à l’Exposition Universelle de Shanghai, en cette année 2010, porte le nom de Kirnu  (« la marmite de géant »). Conçu par une équipe du bureau d’architectes JKMM, implanté à Helsinki, le Kirnu a remporté le premier prix lors d’un concours ouvert en mai 2008, et qui a réuni 104 projets.

Les résultats de la compétition ont été publiés au mois d’octobre suivant dans la capitale finlandaise, et la planification concrète des travaux est intervenue immédiatement après. Commencés en avril 2009, ils devaient s’achever un an plus tard, en avril 2010. Le concepteur principal du pavillon est l’architecte Teemu Kurkela. Les lignes qui suivent présentent l’œuvre à travers le regard de son auteur.

 Une ville miniature

Le pavillon finlandais de l’Exposition Universelle de Shanghai 2010 est un portrait de notre pays et de sa société, présentés au monde sous forme de microcosme. On y voit une ville miniature bâtie par les Finlandais. Son espace intérieur conte une terre et les gens qui la peuplent. Il illustre la manière dont les Finlandais s’efforcent de construire des villes plus intelligentes, selon les principes du développement durable. Tout comme la société dont il émane, le pavillon allie créativité, haute technologie et culture – un ensemble qui fait le bien de l’homme.

 L’architecture sculpturale du pavillon cherche à visualiser des thèmes comme ceux de la liberté, de la créativité et de l’innovation. Sa structure émerge de l’eau telle une île. Une passerelle mène les visiteurs vers l’intérieur. Le cœur du bâtiment et centre de cette ville miniature est occupé par un forum de manifestations, une « marmite de géant » conçue pour que des idées s’y échangent et s’y mêlent.

L’histoire de la Finlande

L’histoire de la Finlande remonte aux débuts de l’Âge de Glace, période durant laquelle cette contrée était recouverte d’une couche glacée épaisse de plusieurs kilomètres, dont les mouvements façonnèrent la ligne côtière, les lacs et les îles de notre pays. Ces temps reculés virent aussi la formation de marmites de géants, cavités naturelles creusées dans des lits rocheux sous la pression des pierres que charriait la masse des glaces. Le centre du bâtiment abrite un creux ressemblant à ces formations géologiques, le Kirnu.

La Nature

Durant le concours, j’ai loué une petite île aux environs de Helsinki – la chose est possible en Finlande, où les îles se comptent par milliers. Une île, c’est le lieu d’évasion idéal. On s’y rend en traversant un bras d’eau, à la recherche d’une retraite paisible, à l’écart d’une vie citadine trépidante. Et que fait-on en arrivant ?

On s’apaise en observant la nature. Le passage des nuages est une œuvre d’art en perpétuel mouvement. Les pierres du rivage, dans toute la liberté de leurs formes, incarnent la perfection de la beauté. Le miroir de l’eau renvoie reflets et effets de lumière. Le corps des poissons, regardé de près, fascine par l’ingéniosité de sa texture. Et quand on franchit le seuil du chalet, on y trouve la protection d’un intérieur sombre et exigu.

L’architecture du Kirnua reçu son inspiration de la nature. Le travail de ses créateurs ressemble à celui d’un cuisiner, qui invente du nouveau à partir de produits naturels bruts. La conception du pavillon s’appuie sur l’image de l’île. Le langage formel y est exempt de symétrie, comme le sont les pierres. Le bâtiment est entouré d’un miroir d’eau, sa surface extérieure revêtue d’un bardage évoquant les écailles d’un poisson. L’entrée est étroite et obscure, le patio central s’ouvre sur le ciel et ses nuages. Tout comme le fait la nature elle-même, le pavillon offre à quiconque veut y entrer le calme d’un refuge, à l’abri de l’activité de la ville.

L’expérience

Blanche et éthérée, la construction flotte sur un plan aquatique. Un mince film d’eau rafraîchit l’air en circulation autour du pavillon. A mesure que l’on s’en approche, la subtile structure superficielle en écailles prend forme aux yeux du visiteur. Il franchit une passerelle souple menant à l’entrée principale, dont les matériaux de surface invitent à pénétrer dans le bâtiment, et se trouve sur le forum, dénommé Kirnu.

De simples parois de tissu s’élèvent vers le ciel. Sous les pas des arrivants, le sol revêtu de bois évoque un ponton, et fleure le goudron. Une rampe en pente douce, ménagée à l’intérieur des murs épais du Kirnu, monte vers le hall d’exposition, espace de grande hauteur qui s’enroule autour du patio. Après le hall d’exposition, la rampe poursuit son parcours en redescendant vers la zone de sortie, la boutique et le restaurant.

Les activités

Les activités et équipements divers sont d’un accès facile. Le rez-de-chaussée abrite le forum Kirnu, un restaurant, un magasin, le vestiaire, les salles de repos destinées au public et des espaces de stockage. A la sortie de l’exposition, les visiteurs peuvent se rendre dans la boutique et le restaurant. L’entrée réservée aux VIP est située du même côté que la rampe ascendante. La structure de base du pavillon permet à des foules nombreuses de se déplacer dans l’enfilade de passionnants espaces. Enfin, le deuxième étage renferme des lieux de divertissement, de réunion et des locaux destinés au personnel.

 Le bien-vivre

Le but principal du pavillon est de présenter une image du « bien-vivre », reposant sur six piliers : liberté, créativité, innovation, communauté d’esprit, santé et nature. Ces piliers sont intégrés à l’architecture du pavillon, présents au sein même de ses solutions spatiales et fonctionnelles. La forme sculpturale représente la liberté et la créativité de la construction, rendues possible par la technologie.

L’innovation intervient dans le projet sous forme de clarté, et à travers certains détails techniques. Enroulé autour de son forum central, le pavillon fait de la rencontre et de la communauté d’esprit entre les visiteurs une clef de sa conception. Ces éléments naturels que sont l’eau et le ciel entrent dans les composantes abstraites de son architecture. Ville miniature modèle, elle est aussi un exemple d’environnement sain. Les hommes, la nature et la technologie s’y trouvent réunis. Le pavillon propose enfin un forum de discussions sur les politiques de développement dans la perspective d’une vie meilleure.

Design et construction

Le design du pavillon a été entièrement réalisé par ordinateur, à l’aide des toutes dernières techniques de modélisation en 3D. Le programme finlandais Tekla a été utilisé pour les structures. Au cours des opérations de conception et de construction du bâtiment, la coopération étroite entre professionnels finlandais et chinois s’est révélée extrêmement enrichissante.

Le développement durable

Le grand défi des années futures consistera à trouver des méthodes de construction urbaine qui soient durables et sachent préserver les ressources naturelles. Le pavillon joue à cet égard le rôle d’un laboratoire, en présentant les solutions proposées par la Finlande pour la construction des villes du futur et le respect des principes du développement durable.

Le cycle de vie du pavillon a été prévu pour couvrir une durée aussi longue que possible. Après l’exposition, il sera vendu et remis en service pour un nouvel usage. Du point de vue de son organisation, des solutions techniques souples et de haute qualité pourront intervenir pour prolonger cette utilisation. L’ensemble sera démonté et reconstruit en d’autres lieux.

Tous les éléments en acier de la structure sont assemblés par boulons, et donc aisément démontables. Il sera également possible d’intégrer au bâtiment des « récits » supplémentaires, si ses nouvelles fonctions le requièrent. Grâce aux techniques de haute qualité et au caractère inventif qui ont présidé à sa conception, le pavillon a devant lui une longue espérance de vie.

La consommation énergétique du bâtiment sera réduite au minimum. L’impact de la chaleur solaire y est limité par l’orientation des différentes installations, l’utilisation de surfaces lumineuses et la conception des fenêtres. La ventilation naturelle vient réduire les besoins en termes de dispositifs mécaniques. Les murs épais entourant le patio forment une cheminée naturelle, et les matériaux et méthodes de construction ont été sélectionnés pour obtenir un niveau d’émission de CO₂ aussi faible que possible.

La réutilisation et le recyclage des matériaux seront pratiqués au maximum, tout au long de la durée de vie du bâtiment. Sa surface extérieure, revêtue de bardeaux semblables à des écailles, en offre le meilleur exemple : ces tuiles d’un nouveau genre sont faites d’un mélange de papier et de plastique industriels recyclés. Des déchets sont ainsi remis en service sous la forme d’un nouveau matériau de construction : le composite papier-plastique, résistant à l’eau.

Le pavillon finlandais est un exemple de la manière dont l’environnement bâti peut être un facteur d’accroissement du capital humain. Une société qui vit selon les principes du développement durable a en effet besoin, non seulement d’un capital économique, mais encore de ce capital humain qui est aussi la condition sine qua non de la compétitivité. Celle-ci, en retour, ouvre la voie à une vie conforme au développement durable. Le bâti fournit le cadre physique dans lequel vient s’inscrire ce processus, le but final étant de créer des lieux favorables à la naissance des innovations et réseaux humains du futur.

 http://www.finlandatexpo2010.fi/?s=1(Lien vers un autre site web.)