L’impunité, l’insécurité et la participation limitée de femmes restent autant de défis de la République démocratique du Congo

« La présence continue de groupes armés dans l’est de la RDC et la poursuite du conflit ont eu des répercussions socio-économiques d’une grande portée et suscité un climat d’insécurité permanente pour les femmes », a déclaré Elsie Effange-Mbella. « La communauté internationale doit soutenir la cohésion nationale. La fragilité de l’autorité gouvernementale a conduit à une impunité endémique, à la circulation des armes et au mépris des lois existantes », a souligné Joséphine Ngulula Kabeya.

Photo: Embassy of Finland. Photo: Embassy of Finland.

Joséphine Ngulula Kabeya, Présidente du Forum de la Femme Ménagère (FORFEM) et Elsie Effange-Mbella, Conseillère principale en matière de genre de la Mission de stabilisation des Nations unies en RDC (MONUSCO), ont évoqué, le 16 mai 2012 à New York, la situation en République démocratique du Congo, à l’occasion d’une réunion co-organisée par la Mission permanente de la Finlande à l’ONU et le Groupe de travail des ONG sur les Femmes, la paix et de sécurité.

Après les élections qui se sont tenues en novembre 2011 en République démocratique du Congo, les récents entretiens à New York sur la RDC ont porté sur la détérioration de la sécurité à l’est du pays et sur la réforme du secteur sécuritaire. Le Conseil de sécurité est sur le point d’entamer des négociations sur le mandat de la MONUSCO après le 30 Juin 2012 et il importe, dans ce contexte, de prendre pleinement en considération l’opinion des femmes pour adopter les meilleures stratégies possibles visant à répondre à leurs préoccupations spécifiques de protection, et promouvoir leurs droits humains et leur pleine participation.

La République démocratique du Congo doit faire face à de nombreux défis persistants, y compris l’inégalité entre les genres. Mmes Ngulula et Effange-Mbella ont l’une et l’autre fait allusion, parmi les défis actuels, à l’impunité des violations des droits de l’homme, y compris les violences sexuelles et basées sur le genre, la faible représentation des femmes dans le processus décisionnel et le manque de capacités et de ressources pour le gender mainstreaming.

Bien que la situation sécuritaire soit des plus alarmantes dans l’est du pays, Mme Ngulula fait valoir que les préoccupations sécuritaires touchent tout le territoire, faisant état, à titre d’exemple, de déplacements massifs de population du Katanga au Kasaï en raison de l’insécurité accrue. La faible autorité du gouvernement au lendemain des élections qui se sont tenues en 2011 a conduit à des défections dans les forces de sécurité et à la circulation accrue des armes légères et de petit calibre, a-t-elle précisé, ajoutant que cela débouchait sur une augmentation des violations des droits humains. La communauté internationale doit faire pression sur le gouvernement de la RDC pour qu’il engage un dialogue avec l’opposition et soutienne le renforcement de la société civile, a recommandé Mme Ngalula.

Les violences sexuelles et basées sur le genre sont plus fréquentes dans l’est, mais les autres provinces connaissent elles aussi des chiffres alarmants. En raison de la carence des services et des attitudes négatives manifestées à l’égard des victimes de violences sexuelles, les chiffres rapportés ne représentent qu’une fraction de tous les cas de violences sexuelles et basées sur le genre. Mmes Ngulula et Effange-Mbella soulignent l’une et l’autre l’importance de la lutte contre l’impunité. L’arrestation d’auteurs notoires tels que le chef rebelle Bosco Ntaganda, recherché par la Cour pénale internationale, serait un message à portée dissuasive pour les autres, estime Ngulula.

La représentation des femmes congolaises reste faible tant au gouvernement qu’au parlement, en dépit de la garantie constitutionnelle existante en matière d’égalité des genres. Les femmes représentent moins de 10% des membres de l’Assemblée nationale nouvellement élue et on ne compte que cinq femmes parmi les 35 membres du gouvernement. Mmes Ngulula et Effange-Mbella ont l’une et l’autre exhorté les membres du Conseil de sécurité à considérer de quelle manière les femmes pourraient mieux faire entendre leur voix. Elles attendent du Conseil de sécurité qu’il inclut les stratégies d’engagement des femmes et qu’il favorise la contribution des femmes à la négociation et à la construction de la paix.

Mme Effange-Mbella a également constaté une grande disparité dans la représentation des femmes et des hommes au sein de la MONUSCO. La participation accrue des femmes à la MONUSCO, y compris aux fonctions militaires de maintien de la paix et de liaison communautaire, est cruciale pour toute amélioration de la protection des populations civiles.

Assurer la mise en œuvre de la Résolution 1325 « Femmes, Paix et Sécurité » dans le travail par pays du Conseil de sécurité
Pour le 10e anniversaire de la Résolution 1325, en octobre 2010, le Groupe de travail des ONG sur les Femmes, la Paix et la Sécurité a compilé une analyse sur les progrès accomplis dans la mise en œuvre de la résolution. L’analyse était univoque : le Conseil de sécurité dispose de toutes les normes et de tous les outils nécessaires à la concrétisation des droits des femmes et de leur participation dans les situations de conflit et de post-conflit. Mais pour ce qui est des travaux par pays du Conseil de sécurité, la mise en œuvre de l’agenda Femmes, Paix et Sécurité se trouve être beaucoup plus inégale.

La Mission permanente de la Finlande à l’ONU a fait cause commune avec le Groupe de travail des ONG sur les Femmes, la Paix et la Sécurité pour changer cet état de choses et aider le Conseil de sécurité à faire en sorte que la voix des femmes soit véritablement entendue au moment des débats cruciaux et des décisions importantes.

En partenariat, la Finlande et le Groupe de travail des ONG vont faciliter, pendant toute l’année 2012, la venue de défenseurs des droits des femmes au Siège de l’ONU pour faire valoir directement les vues et les recommandations des femmes au Conseil de sécurité, et présenter les délégations et acteurs intéressés avant le renouvellement des mandats et la tenue des plus importantes discussions par pays.

Le Groupe de travail des ONG sur les Femmes, la Paix et la Sécurité joue un rôle de passerelle entre les défenseurs des droits humains des femmes dans les situations de conflit et les décideurs du Siège de l’ONU. Le Groupe de travail des ONG, composé de 18 organisations non gouvernementales internationales, œuvre à la complète mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité sur les Femmes, la Paix et la Sécurité et joue un important rôle global dans le suivi des politiques et pratiques.

YK